La Convention Nationale du Débat Public a achevé, le 26 avril 2024, une consultation d’ampleur sur la planification maritime. Le rapport d’étape, diffusé en mars dernier, souligne les interactions fortes entre la protection de la diversité, les énergies marines et les activités humaines.

Dans cet esprit, les principaux acteurs du maritime, entourés de scientifiques, se sont retrouvés lors d’un évènement organisé ce printemps à Montpellier. Les débats ont été menés lors d’une série de tables rondes sur les principes réglementaires qui régissent la création des projets offshore, les retours d’expérience de projets de développement en mer ou la perception du développement éolien par les professionnels de la mer. Tous ces participants n’avaient qu’un objectif, essayer de faire émerger les contours d’un nouveau modèle économique respectueux des écosystèmes au bénéfice des professionnels de la mer.

Dans une ambiance parfois tendue mais respectueuse, les représentants de la filière pêche ont réaffirmé leur opposition à un développement éolien offshore surdimensionné. Le Cepralmar, Centre d’Étude pour la Promotion des Activités Lagunaires et Maritimes, et l’association Capena, Centre pour l’Aquaculture, la Pêche et l’Environnement de Nouvelle Aquitaine, ont pu exprimer leurs sentiments sur le développement éolien offshore tourné vers la Méditerranée et l’Atlantique. Depuis plusieurs années, les initiatives d’innovations ponctuelles se multiplient sur des sujets aussi variés que la décarbonation de la flotte de pêche ou le développement de structures de récifs artificiels. Le retour d’expérience de ces initiatives doit se faire pour proposer des projets offshores toujours plus ancrés dans les besoins des territoires.

« Il faudrait que les projets éoliens s’adaptent aux activités de pêche et non plus l’inverse » a déclaré Jean-François Holley, Directeur de Cepralmar.

Toute la filière pêche a pu s’exprimer et Bertrand Wendling, Directeur Général de la SaThoAn, a pu partager les enjeux et les contraintes qui pèsent sur la filière, y compris sur les emplois à terre (4 emplois à terre dépendent du pêcheur en mer). Pour lui, l’avenir proposé est une superposition de contraintes qui menacent directement la pérennité de la filière. Cet avenir peut aussi, si les pouvoirs publics et les industriels prennent en considération leur volonté, être favorable à la filière.

« Cela passera forcément par une réappropriation de la zone par les professionnels, » a conclu Bertrand Wendling, Directeur Général de la SaThoAn

Ce nouveau modèle économique, soutenu par tous, doit faire l’objet d’une politique d’incitation à l’innovation, à la fois sur les aspects techniques mais également sur les principes de gouvernance et du cadre réglementaire.

Bernard Perez, Président du CRPMEM, a rappelé que « l’inclusion des professionnels de la pêche dans ces démarches est primordiale. Rien ne pourra se faire sans les pêcheurs dans ces zones. Ces derniers sont directement impactés par la multiplication des contraintes notamment en lien avec l’éolien et doivent pouvoir tirer un bénéfice économique des activités maintenues à l’intérieur des parcs”

Pour Qair, la création d’un nouveau modèle économique au sein des parcs nécessitera de mieux comprendre les écosystèmes marins lointains. L’un des scénarios envisageables prévoit que ces nouveaux aménagements permettent le développement d’une faune et flore marine locale. Dans cette perspective Qair se positionne pour mieux comprendre ces écosystèmes et ses interactions avec le parc éolien en mer flottant. Pour cela, l’énergéticien réalise, en collaboration avec le CRIOBE, une thèse portée par Lou Gaillard dont le sujet est l’étude du développement d’un nouvel écosystème en lien avec l’aménagement d’un parc éolien en mer en Méditerranée.

“Il y avait un besoin de mieux comprendre les écosystèmes au large de la Méditerranée pour appréhender l’évolution à long terme des ressources marines, ” a déclaré Lou Gaillard, Doctorante CIFRE/CRIOBE en écologie marine chez QAIR.

Les services de l’État ont pris acte de cette vision et s’attacheront à faciliter autant que possible les projets qui seront soumis.

Cette initiative, fruit d’une réflexion approfondie sur les meilleures pratiques en matière de développement durable, a été rendue possible grâce à la participation à cet évènement de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), ainsi que des représentants des filières professionnelles des métiers de la mer et des experts scientifiques méditerranéens. Leur expertise et leur engagement ont été déterminants dans l’identification des axes de réflexion stratégiques.

Les discussions ont mis en lumière l’importance d’une approche inclusive, où chaque partie prenante a un rôle à jouer dans la gestion des ressources marines et la protection de l’environnement. La convention marque un pas en avant vers une gestion plus intégrée des zones maritimes, où les parcs éoliens offshore ne sont pas seulement des sources d’énergie, mais aussi des vecteurs de développement économique local et de biodiversité.

Qair, BlueFish et FNE BRETAGNE s’engagent à poursuivre leurs efforts pour développer des solutions innovantes qui respectent les principes de durabilité et de respect de l’environnement.

À propos de Blue Fish

Blue Fish est une association d’intérêt général qui met en œuvre des actions de promotion de la Pêche durable et responsable sur les thématiques suivantes : Filière de production halieutique durable et responsable, respectueuse des limites des capacités environnementales ; Préservation et protection des écosystèmes marins vulnérables, lutte contre la pollution des océans ; Sensibilisation des décideurs et des professionnels à l’esprit de la démarche de pêche durable et responsable.

À propos de France Nature Environnement Bretagne

FNE Bretagne fédère les associations de protection de la nature et de l’environnement à l’échelle de la Bretagne. Fondée en 2017 à l’initiative de 6 associations historiquement bien implantées dans le paysage associatif breton (depuis plus de 50 ans pour certaines d’entre elles), elle a gagné aujourd’hui en légitimité auprès de ses pairs et de ses partenaires du fait de son expertise et de sa capacité à produire un plaidoyer commun, véritable plus-value de la fédération. Regroupant aujourd’hui de nouvelles associations, elle rassemble près de 25 000 adhérents en Bretagne.